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Les Rencontres du Havre – Retour sur le SBTSummit

A la suite des 2 journées intenses du Smart Buildings & Territories Summit ayant accueilli 600 décideurs et experts venus rencontrer leurs pairs ainsi que les 52 partenaires exposants présents et assister aux 12 sessions de conférences plénières et 6 cycles thématiques proposant un choix de 55 ateliers différents, se sont tenues les Rencontres du SBTSummit, une agora de réflexion prospective sur l’impact du numérique sur le tissu urbain et sociétal.

Regards croisés sur les enjeux de notre société à l’heure des révolutions numérique et environnementale.

Nous vous proposons une synthèse des principaux sujets abordés lors des Rencontres du SBTSummit : un partage de réflexions, de préoccupations, de solutions … se basant sur l’expérience de femmes et d’hommes passionnés, réfléchis, engagés, empathiques, inspirants … autour de 4 thèmes :

  • la donnée,
  • les modèles économiques,
  • la symbiose ville-nature,
  • le rapport au lieu et au temps.

La donnée

Ayant noté le caractère polymorphe du concept de données qui va de la granularité la plus fine, celle du bit digital (01) jusqu’au champ de la connaissance nous avons vu la difficulté parfois d’en saisir les contours et en comprendre les enjeux.

Nous sommes dans l’environnement du numérique comme le poisson vit dans l’eau, or nous n’y sommes pas tous bien préparé, d’où l’urgence de promouvoir une véritable culture de la donnée, et ce à tous les échelons (citoyen, professionnels, agents publics, décideurs, politiques) et aussi dès le plus jeune âge (on se familiariserait avec le concept de la donnée comme on apprend à lire et à écrire).

Etant devenu un élément central de nos modes de vie cette donnée doit être réappropriée par chacun, c’est la question du « ownership » qui implique de réunir 3 conditions : la compréhension, le consentement, la protection.

Vient naturellement la question centrale de la gouvernance de la donnée, qui en est responsable et comment articuler les différents maillons de la chaine : producteur – diffuseur – utilisateur ? Pour orchestrer les antagonismes naturels entre les différentes parties prenantes doit on recourir à un « chef du village » sur la question du numérique ?

Ceci amène à se poser la question de l’impact du numérique sur la démocratie et réciproquement interroger la capacité de différents systèmes politiques à intégrer cette nouvelle dimension dans l’exercice de leur pouvoir mais aussi pour le bien commun.

Modèles économiques

Un constat, pour ne pas dire un diagnostic, est formulé lors de ces Rencontres : la fin depuis bientôt 40 ans de la croissance de notre société (au sens économique et organique du terme), voir de nos sociétés, le phénomène n’étant pas limité aux économies occidentales.

Pour retrouver une forme de croissance il y a urgence à sortir du tout marchandisation, c’est un vrai défi car il n’existe pas encore de consensus sur cette question en particulier parmi les écosystèmes financiers établis.

La tokenisation des transactions semble être une solution technologique et un mode d’organisation des échanges très prometteur pour répondre à cet objectif, cela permettant de valoriser les externalités pré marchandes et non marchandes. En particulier l’idée de tokeniser les échanges permettant de satisfaire les besoins primaires (alimentation, logis, sécurité …) est émise.

Pour sortir du cadre devenu trop limitant du tout financier c’est peut-être le cadre qu’il faut repenser en changeant la focale et en passant de la notion de richesse à celle de prospérité, un concept beaucoup plus large et englobant les notions d’épanouissement personnel et collectif.

La difficulté à financer les initiatives sociales et solidaires est soulignée, la nécessité de passer d’une économie de la propriété à une économie de la fonctionnalité et la promotion de biens communs sont certainement des pistes sur lesquelles s’appuyer pour lever les obstacles

Symbiose

La question est celle de notre rapport à la nature et de notre place au sein de celle-ci, l’homme faisant partie de la nature et non d’un artefact qui se situerai à ses côtés, d’où la nécessité de vivre en symbiose avec elle.

Cette symbiose ne pouvant se faire qu’au travers d’une approche systémique, c’est-à-dire en arrêtant de considérer les sujets bout par bout, en silo pour tout dire, et en privilégiant donc une approche plus transversale et globale de nos actions et projets.

Dan le contexte de l’urbain et de l’habitat comment mieux intégrer la nature, doit on importer la nature dans la ville ou faire migrer la ville à la campagne ? Au-delà de cette question rhétorique ce sont plusieurs tendances qui sont observées : celle des nouveaux flux vers les villes médianes voir les campagnes, accélérés depuis la crise sanitaire et celle de la végétalisation des espaces urbains ainsi que le développement de l’agriculture urbaine.

Enfin le thème de l’eau est apparu comme un sujet central des débats. L’eau est un élément essentiel à la vie et le 1er facteur ayant permis de constituer ces agrégats humains qui sont au fil du temps devenus nos villes puis nos métropoles. La nécessité de repenser le cycle de l’eau et d’intégrer des systèmes de retraitement en boucle locale est apparu comme une des grandes idées de ces Rencontres.

Rapport au lieu et au temps

Pour conclure ces Rencontres et après avoir débattu de la place de la donnée, des modèles économiques à réinventer, de la place et la responsabilité de l’Homme vis à vis de la nature, la question de notre rapport au lieu et au temps c’est à dire vis-à-vis de nous même et de notre société se pose.

C’est finalement la question du « Sens » : sens individuel que nous donnons à notre vie et du « Polis » c’est-à-dire du sens collectif qui nous guide pour faire société. Ce terrain de réflexion conduisant à s’interroger sur le plan philosophique et politique à donner à nos actions.

A l’échelle de la question urbaine c’est le retour à la notion de « Genius Loci » ou esprit des Lieux qu’il faut requestionner, avec en son cœur un génie des lieux capable d’intégrer et rendre visible ce qui innerve notre tissu urbain et fait partie de nos vies quotidiennes : le numérique, dans son incarnation la plus concrète, celle des centres de données, non plus centralisés et cachés mais en « edge » dans la ville.

Cette préoccupation résonne avec le 1er questionnement de la journée sur la donnée, et la révolution numérique que nous vivons, non pas depuis quelques années mais depuis quelques décennies, c’est aussi la question du Récit qui se pose, c’est à dire de la construction d’un discours qui soit intelligible et fasse sens en quelque sorte pour chacun d’entre nous.

Ces débats amènent à questionner la sphère publique, celle des citoyens, des agents et des élus mais aussi chacun à son niveau pour qu’ensemble nous trouvions les clés pour aborder en symbiose avec ce milieu dans lequel nous vivons la question de la réconciliation de Gaia avec la société qui est nôtre question centrale en ce 21ème siècle.

Ce 21ème siècle, dont le vecteur culturel majeur est le numérique doit trouver sa grandeur comme en d’autres siècles la renaissance ou les lumières, vecteurs de la révolution culturelle de leur temps ont signé leur grandeur. C’est pourquoi il nous revient d’écrire notre récit, celui du « Sapiens-Numericus », comme le fut en d’autres temps celui du livre des courtisans de la cour d’Urbino. Courtisan non pas au sens de vil serviteur du numérique mais comme reflet d’un nouvel humanisme, celui de notre époque.